Peintre Illustratrice
Pascaline Mitaranga quitte l’école des Beaux-Arts de Poitiers avec une formation et une profonde conviction : il faut sortir de l’école et voir le monde. Les rencontres, avec des gens et des paysages, le hasard souvent provoqué, forment le fil conducteur d’une œuvre qui se fraye un chemin entre fresques murales, livres pour la jeunesse, carnets de voyage ou cartes postales.
Le travail de Pascaline semble fortement réparti en deux univers : d’une part des illustrations pour les enfants, où elle met en scène de fantasques animaux dans une série d’images joyeuses, tendres et colorées. D’autre part, des pastels où elle tente de saisir des impressions fugitives du paysage de l’estuaire de la Charente. Un peu à mi-chemin, les fresques murales, dont elle orne les murs d’hôpitaux, de cliniques ou d’Ehpad, offrent aux patients de tous âges une échappée sur un imaginaire réconfortant.
Malgré leurs apparentes différences, tous ces univers se rejoignent dans une assez profonde unité .
C’est d‘abord, là encore, une certaine façon d’accueillir le hasard : l’opportunité d’une collaboration, l’écoute d’un moment, d‘un autre ou bien d’une plante sont à l’origine des intuitions où la création est possible, où toutes les formes s’incarnent.
C’est aussi une attention passionnée portée à la nature : animaux de tous poils et de toutes plumes, lumière du soir sur les roselières, étrangeté des plantes ordinaires sont autant de visages d’un lent dialogue entre Pascaline et tout ce qui l’entoure. L’unité de son œuvre se trouve également dans un effort vers la nuance : les détails méticuleux d’un dessin pour enfant font écho aux variations d’un brin herbe…la délicatesse d’un trait qui prend son temps renvoie aux changements incessants d’une lumière.
Le temps est au cœur de ce travail qui accueille ce qui se présente. La liberté aussi : pas question de routine ni de répétition d’une technique bien rôdée pour cette amoureuse d’indépendance chez qui les rencontres servent avant tout à empêcher l’enfermement.
Et puis ces animaux nous ressemblent beaucoup, et ces paysages sont aussi des songes. Le réel et l’imaginaire sont nécessairement mêlés dans une œuvre qui vise avant tout à fixer des moments de joie et à les offrir à qui veut bien les regarder. L’enthousiasme de Pascaline reste guidé par cette volonté simple et ambitieuse d’alléger un temps l’inquiétude de ses spectateurs, pour un voyage incarné dans le vrai dépaysement, celui où les choses familières deviennent soudain nouvelles.
Denis Roland, juin 2021